OUTRAGE AU PUBLIC (2013)

Genre :

Spectacle / vidéo performance du public

Création et conception :

Christian Lapointe
Un texte de Peter Handke

Production :

Productions Recto-Verso

Texte phare des esthétiques de la non-représentation, Outrage au public de Peter Handke est repris par Christian Lapointe dans un contexte mettant en jeu la question complexe du spectateur. Le dispositif scénique permet au public de se voir tout en lui donnant à écouter le texte de Handke à travers des voix de synthèse.

Or, ces voix générées par ordinateur deviennent paradoxalement aussi celles du public dont l’unique présence devient LA représentation, faisant de lui à la fois l’acteur et le spectateur de sa propre réalité de consommateur d’images et de sensations… Par un travail singulier de mise à distance du public, Christian Lapointe impose un affront étroitement lié à notre capacité limitée à vivre avec la réalité de notre propre présence comme unique forme de représentation outrancière.

Texte : Peter Handke / Traduction : Jean Sigrid / Conception et réalisation : Christian Lapointe / Direction technique et programmeur : Pierre-Olivier Fréchet-Martin

La création Outrage au public de Christian Lapointe a été lancée en première mondiale à Québec dans le cadre du Mois Multi de février 2013 puis présentée au Théâtre La Chapelle de Montréal dans le cadre du Festival TransAmériques en mai 2013.  Le projet a également été présenté à l’Université du Québec à Chicoutimi ainsi qu’à l’Université du Québec à Trois-Rivières dans le cadre d’activités thématiques. Sa version anglaise a été présentée au festival SummerWorks du 7 au 16 août 2015 L’œuvre est d’une durée de 60 minutes.

Extraits de presse :
« Une caméra filme le public et le diffuse en direct sur cet écran. Les sièges se remplissent progressivement et c’est parti. Le texte de Handke n’est pas dit par des comédiens, mais a été plutôt confié à des voix de synthèse. Remarquable travail d’ailleurs, on pourrait croire qu’il s’agit de voix off, tellement le timbre est humain. Chaque phrase, chaque phonème a cependant été remasterisé de telle sorte que toute intention en soit abolie. Ce choix de Lapointe offre au texte de l’auteur autrichien une dimension amplifiée. Cette neutralité dans le débit force le public à une écoute nouvelle, comme si les mots étaient offerts avec leur sens premier, sans connotation, sans effet dramatique, sans lecture préalable du metteur en scène ou des interprètes. Les heures de répétition se sont déroulées entre Lapointe et son ordinateur. »
Alain-Martin Richard, Revue JEU, 4 février 2013

« … personne ne vient sur scène. Le public voit plutôt une vidéo de lui-même en temps réel. Une attente se crée, soutenue par un léger malaise pour certains de voir leur bouille en haute définition. Une voix robotisée perce le silence. « Ce que l’on va vous montrer n’est pas un spectacle. Vous risquez fort de rester sur votre faim. Ce soir, on ne joue pas. On va vous montrer un spectacle où il n’y a rien à voir… De plus en plus, nous sommes envahis par ces voix artificielles, qui ne demandent pas à être écoutées, déplore Christian Lapointe. « Elles se sont insidieusement imposées dans notre vie quotidienne. Elles nous dictent de sortir du train ou de donner notre numéro d’assurance sociale. On est habitué à vivre avec ces voix. Mais après une heure, cette domination de la technologie prend un autre sens! »
Matthieu Dessureault, Lien multimédia, 4 février 2013

 …his reinterpretation of Peter Handke’s expérimental play, Offending the audience exists in the space between theatre and performance art. Whereas other performances of Handke’s non play still emplois actors, Lapointe decided to take it a step farter and have the audience actually watch themselves on stage
Angela Sun, Mooney on theatre, 10 août 2015

Photos : tirée d’un vidéo de Josiane Roberge, Isabel Rancier, Christian Lapointe, Pierre-Olivier Fréchet-Martin