L’HOMME ATLANTIQUE (2013)

Genre :

Théâtre multidisciplinaire

Création et conception :

Christian Lapointe
Texte: Marguerite Duras

Coproduction :

Productions Recto-Verso,
Théâtre Péril, Le Théâtre français du Centre national des Arts et Le Festival TransAmériques (FTA)

L’homme atlantique (et la maladie de la mort) met en jeu le geste de l’écriture cinématographique. En temps réel, au temps de la salle donc, une femme tourne et écrit, « brainstorm » un film devant nous. Elle y met en scène deux acteurs, un homme et une femme qui tient le rôle d’une prostituée. Ces derniers sont aussi auteurs du film puisqu’ils inventent au fur et à mesure leurs propres répliques au sein de l’œuvre cinématographique qui s’élabore en direct devant nous, dans ce que l’on pourrait qualifié d’un « on the spot attempt ».

Par un jeu de substitution entre la figure de la réalisatrice et celle de la prostituée, par le passage d’un temps et d’un espace vers un autre temps et un autre espace, celui de la fabrication du film à celui de sa présentation, tant l’œuvre complète que le film, qui au sein de l’œuvre s’y fait, mettent en relief et exacerbent notamment le désir et l’impossibilité du désir, l’amour et les incapacités à aimer, la marchandisation de la chair et la fabrication d’un langage pornographique, le phénomène de l’absence au cinéma comme symbole d’une mort métaphorique.

L’homme atlantique (et la maladie de la mort) a été présenté en 2013 au Carrefour international de théâtre (Québec), au Festival TransAmériques (Montréal), aux Francophonies en Limousin (France), à l’Usine C (Montréal) du 12 au 15 février 2014 et du 19 au 22 février 2014 au Centre national des Arts (Ottawa).

Extraits de presse :
«  sur scène, deux chaises, deux acteurs, Jean Albert et Anne-Marie Cadieux (et ses deux escarpins), tandis que, le micro à la main, la comédienne Marie-Thérèse Fortin joue la Duras réalisatrice de films : ses lunettes, ses airs, sa voix. Un tantinet parodique. Entre eux trois, le texte se déroule, les « il dit » répondent aux « elle dit ». Les mots se répercutent, passent de bouche en bouche. La représentation oscille entre l’histoire d’un homme et d’une prostituée reclus dans une maison face à la « mer noire » et la marche pensive d’une artiste et maître d’oeuvre qui, semble-t-il, orchestre et décrit leur passion tarifée et éphémère. Mais le jeu d’échos mis en place par Lapointe déconstruit le rapport entre le réel et l’imaginaire, entre la fiction des amants et les réflexions de leur scrupuleuse observatrice. La caméra disposée en face du couple fière cette porosité. Labile, mouvant, le décor l’est également; les panneaux de toile blanche, composant l’arrière-fond de la scène, se referment et forment un cube, la chambre carrée et close de leur union transitoire. La caméra se niche dans une mince ouverture tandis qu’un film est projeté, recomposant les stériles échanges du couple. »
Martin Hervé, Artichaut magazine, 14 février 2014

« Lapointe a fort habilement déconstruit le texte, entre réalisatrice et acteurs, auteure et personnages. Toujours côte à côte, elle en noir (hormis une paire d’escarpins dorés), lui en balcon (avec des motifs de couleurs au dos), Albert et Cadieux évoquent plutôt qu’ils ne personnifient… On les découvre au premier rang, leur image superposée à un enregistrement de la salle qui, une heure auparavant, se remplissait doucement. Bientôt, le présent balaie le passé, les spectateurs étant représentés en temps réel, certain happés par le texte, d’autres visiblement récalcitrants. Comme dans Outrage au public, où des voix de synthèse remplacent celle du narrateur, où le public lui-même devient le seul élément humain du spectacle, il faut accepter la donne… »
Lucie Renaud, JEU, revue de théâtre, 2 juin 2013

Textes Marguerite Duras / Création de Christian Lapointe
Distribution : Jean Alibert, Anne-Marie Cadieux, Marie-Thérèse Fortin / Assistance à la mise en scène et régie Alexandra Sutto / Vidéo  Lionel Arnould / Lumières  Martin Sirois
 / Musique et environnement sonore Mathieu Campagna / Scénographie Jean-François Labbé
 / Dramaturgie  Sophie Devirieux
 / Costumes Mylène Chabrol / 
Violoniste Christelle Cotnam
 / Direction technique Mateo Thébaudeau
 / Direction de production Catherine Desjardins-Jolin /  
Programmation du logiciel vidéo Pierre-Olivier Fréchet-Martin
.