Lecture publique
Initiateurs du projet : Berri R.Bergeron, Rachel Dubuc, Jacinthe Harvey
Montage et mise en lecture : Jacinthe Harvey
Voix : Andrée Desjardins, Jacinthe Harvey, Brigit Micho
Assistance technique : Martin Meilleur
Mémoires de la vieille fille est un projet qui prend comme point de départ une série de journaux intimes qui s’étalent sur 25 ans. En 1992, la vieille fille doit casser maison. Son entourage rappelle toutes ses affaires, les trient, en jettent, en gardent. Une boîte de carton est vite remplie d’agendas couvrant plus d’une vingtaine d’années. Personne n’en veut, et on en connaît encore moins le contenu. La boîte reste là dans le corridor. En quelque jours, à part ces livres, il n’y a plus de traces de la vieille fille dans l’appartement. La boîte est sauvée par nostalgie mais prendra tout de même le chemin d’un placard. La vieille fille meurt quelques années plus tard et de nouveaux agendas vont se joindre aux autres. Puis l’absence de la vieille fille nous rappelle à ces agendas comme pour se rattacher un peu à elle. Alors on les ouvrent pour la première fois et on découvre son univers. La lecture des agendas prenant progressivement un sens. Chaque agenda livrait une année de sa vie. Chaque année devint un chapitre. Une histoire.
L’information contenue dans ces agendas est variée. À chaque page correspond une journée.
Dans certains agendas, MRB utilise différentes couleurs d’encre pour distinguer les notes qu’elle inscrit dans une journée. Le noir-bleu pour le texte courant, le vert pour tout ce qui concerne température, le rouge pour un événement marquant qu’elle a entendu, lu, vu ou vécu (voir page type en annexe).
MRB (la vieille fille) note à gauche au haut de page, la ville où elle est au réveil et à droite la ville où elle est au coucher.
Au-dessus de l’impression de la date, elle y inscrit le ou les événements importants qui a (ont) eu lieu à cette date tels les anniversaires de mariage, les naissances, les décès.
MRB écrit tout au long du jour.
Son écriture est simple et continue, on ne sent pas la composition.
MRB note tout. Ses visites, achats, sorties, sentiments, ses commentaires sur les membres de sa famille, la vie , la politique. A quelques occasions ses notes sont insolentes et cyniques, on peut en déduire qu’elle ne se faisait pas censure.
MRB prend la peine de transcrire des citations entendues à la radio qu’elle a particulièrement appréciées.
MRB note également qui lui téléphone et à qui elle téléphone. Lors d’appels interurbains, elle prend soin de laisser un espace vide souligné à la suite de son texte pour pouvoir inscrire, au moment de la réception du compte de téléphone, le coût de l’appel.
Extrait de programme :
Une vieille dame est morte. Mais ce n’est pas de ça qu’il s’agit.
Une vieille fille a rempli 24 agendas de 1969 à 1993. C’est plutôt ça. Pourquoi? Peut-être pour ne pas oublier. Pour que sa mémoire soit essentielle aux autres. Pour qui? On ne sait pas.
Il y a des mystères.
De ce simple exercice de transcription du quotidien émerge une fascination obsessive du détail et son systématisme en fait presque une étude scientifique. Cette femme a, durant toutes ces années, suivi le quotidien de si près qu’il en devient surréaliste.
Nous nous sommes permis, (en avons-nous le droit?) de détourner ces agendas d’un oublie certain et d’en faire un objet théâtral. Par curiosité ou par amour des vieilles dames qui ne sont pas toujours indignes. Pour parler du vieillissement et de la mort. Du quotidien et de la solitude. Irène serait-elle d’accord ou aurait-elle » le feu où? Je ne sais pas? « *?
* Citation de M.R.B. (10 février 1984, 16 novembre 1992 et 15 mars 1993).
Présenté en lecture publique :
Bar Le Chantauteuil, 30 et 31 mai 1997
Cégep de Matane, Café Tank-à-y-être, 7 mars 1998
également diffusé sur les ondes de Radio-Canada en version audio lors de l’émission L’espace du son le 8 avril 2000.