Arielle et Sonia
Projet : Femmes-bustes
en résidence du 27 au 29 novembre 2014
Présenté par la Rotonde
Femmes-bustes nous saisit dès les premières secondes. D’entrée de jeu, Sonia Montminy s’avance sur scène dans un large manteau qui camouflera son identité. Soumise aux spasmes, elle suscite en nous une impossibilité d’agir, conquis par le regard obéissant de Arielle Warnke St-Pierre. Après un long moment, elles se rencontrent et s’adonnent à un jeu de rôle intrigant et très évocateur stimulé par la présence de costumes, de gâteau, de cothurnes et de masques géants tous issus d’une culture propre au théâtre grec. L’influence de la performance est marquant dans cette oeuvre signée par les chorégraphes grecs Jozef Frucek et Linda Kapetanea de Rootlessroot ; debout sur des cothurnes, Warnke St-Pierre dévore à pleine régime un gâteau évoquant un visage neutre. Dans un livre intitulé La nourriture en art performatif, Mélanie Boucher nous évoque les propriétés de la bouffe sur scène : « Les œuvres sucrées montreraient en effet différentes facettes de la beauté, en mettant en avant son caractère changeant. Elles serviraient à revoir les pôles du désir, le « désiré » qu’est l’aliment sucré et le « désirant » qu’est l’individu, autrement dit les pôles formés par l’«objet» et le «sujet» ou le «féminin» et le «masculin». […] L’association courante entre le désir, le sucré et l’«objectification» et la femme serait ainsi reconsidérée pour revoir des enjeux relatifs au regard masculin.» Ainsi, le tableau suivant nous présentera un homme à la tête et aux poings larges qui ne se gênera pas à montrer toute l’autorité qu’il porte à une femme soumise à ses lois.
Sandrine Lambert, Blogue de La Rotonde, 1er décembre 2014
Photos : Emmanuel Burriel