Genre :
Oeuvre vidéographique
Durée : 8’50
Genre :
Durée : 8’50
Création :
Co-production :
Dans cette œuvre sensible et envoutante, la question de la traçabilité́ du lait comme produit industriel et commercial se réfère à l’animal et à sa condition de vie. De la traite à la tablette, on oublie souvent que le lait est un liquide biologique produit d’abord par un corps vivant, celui de la vache. Il est intéressant d’étudier que cette production organique peut être influencée par un autre organe, celui du système auditif de l’animal et par conséquent par son sens de l’ouïe. L’intention derrière la performance sonore, qui eut lieu à l’étable « robotisée » de la Ferme Laitquipe Michon à La Présentation, était d’offrir à un troupeau de vaches laitières un moment de détente en jouant une musique électronique lente, harmonique et minimaliste. L’œuvre vidéographique qui fut tournée durant la performance propose une interprétation esthétique de ce moment de présence douce et empathique envers ces êtres vivants qui nourrissent les humains si généreusement. Laura Gonçalves filme les instants furtifs dans l’enclos de l’étable où, aux fréquences musicales de Magali Babin, les rondes de 110 Holsteins à l’écoute attentive se déploient. L’ouïe en éveil, une note les appelle. Sous la lumière d’un soleil ne passant qu’au travers de petites vitres, les vaches donnent à voir leur rituel quotidien dans l’attente, d’une collation à la traite automatique de lait. Enveloppées par la musique, à la rencontre des présences qui les entourent, elles renvoient leur regard. En étirant le temps, la vidéo explore des inversions de point de vue, d’une poétique « technoagricole » à l’extension numérique de l’animal dans cet environnement du futur déjà présent.
Crédits
Co-production : Magali Babin, Laura Gonçalves et Productions Recto-Verso
Réalisation vidéo : Laura Gonçalves
Performance et composition sonore : Magali Babin
Merci à Marie-Ève et Isabelle Charron et au centre Expression pour Orange 2018.
D’après une idée originale de Magali Babin pour Orange 2018.
Biographies
MAGALI BABIN
Magali Babin est compositrice, artiste sonore et commissaire d’événements en art audio. Elle s’est produite en concert et en performance dans le cadre de festivals internationaux au Canada, aux États-Unis et en Europe, tels que : Suddendly Listen (2014), Vancouver New Music Festival (2013-2005), Mutek (2013-2004), Akousma (2013), High Zero, États-Unis (2008-2000), Time Based Arts Grande-Bretagne (2009). Ces installations sonores ont été présentées, entre autres, au Musée d’art contemporain de Montréal (Triennale Québécoise, 2011), au Mois Multi (Qc, 2012), à la galerie Louise et Reuben-Cohen de l’Université de Moncton (2012), à la Fabrique (Nantes, France 2013) et à la Maison de la culture Maisonneuve (2015). En 2013, elle reçut une bourse du Ministère de la Culture et de la Communication de France pour une résidence de recherche à la Saline Royale (Arc-et-Senans). Magali Babin poursuit actuellement ses recherches dans le cadre d’un doctorat en Études et pratiques des arts à l’UQAM. Elle est boursière du Fonds de recherche Société et culture du Québec (FQRSC).
En tant qu’artiste interdisciplinaire avec une pratique en art audio, Magali Babin s’intéresse à l’exploration de l’espace comme matière sonore. Entre la proximité haptique, le paysage acoustique et les contextes de vie, Babin puise ses matériaux et crée des ambiances faites de séquences, de textures, et de perspectives. Ses œuvres portent sur l’imperceptibilité qui entraine la vigilance et l’attention à travers l’écoute. Dans ses récents projets, Magali Babin, aborde la perception et la mémoire en questionnant notre rapport identitaire aux sons.
LAURA GONÇALVES
Laura Gonçalves est une artiste audiovisuelle qui partage ses explorations artistiques entre la France et le Québec. Des territoires en correspondance qui lui inspirent ses questionnements sur l’expérience subjective du visible. Ses vidéos et installations vidéo ont reçu des distinctions dans des festivals tels que Dérapage, Best of de la SCAM, Montreal Underground Film Festival, Fantasia et Vidéoformes. Après avoir complété une formation en Cinéma à l’Université Paris 8, elle a poursuivi ses recherches en Arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Elle collabore également sur des créations scénographiques, documentaires et musicales. Elle a récemment réalisé des vidéo-clips pour les groupes Suuns et Timber Timbre, ainsi que des projections vidéo pour la pièce de théâtre déambulatoire Les Laissés Pour Contes aux Ateliers Jean Brillant.
La pratique vidéo de Laura Gonçalves interprète des expériences humaines à diverses échelles de perception, le visible et l’invisible, le rationnel et l’irrationnel. Des dualités qui se manifestent dans le paradoxe de mises en abyme, basculant d’une réalité figurative à son état imaginaire. Le temps s’étire, prolonge l’action en contemplation, et se destine alors à révéler d’étranges ambivalences entre l’objectif et le subjectif. D’univers domestiques aux mondes intérieurs, des corps existent entre deux états, complets et morcelés, habités et absents, sociaux et solitaires, dont le passage est éphémère, répétitif, cyclique et transitoire. Une forme de vie à l’état d’image, un souvenir hors chronologie, et qui n’a « comme les fantômes, d’existence que visuelle » (Merleau-Ponty).